La sécurité semble un concept fort abstrait, mais chacun ressent ce qu’est l’insécurité. La sécurité est l’ensemble des solutions que l’on adopte pour se prémunir contre l’insécurité.
Faisons ensemble, si vous le voulez bien, l’état des lieux de l’insécurité actuelle en la comparant à celle du passé, à diverses époques.
L’insécurité hier
Notre vie quotidienne était, jusqu’il y a un ou deux siècles (en Europe), souvent précaire puisqu’il n’y avait pas de syndicats, de sécurité sociale, d’assurances. Notre maison, nos (maigres) biens – nous ne disposions que de l’essentiel – étaient souvent tout ce que nous possédions et n’étaient pas encore couverts par toutes sortes d’assurances… vol, incendies, dégâts divers d’origine naturelle, accidentelle ou volontaire.
Notre santé était à la merci des conditions climatiques (sans isolation, sans électricité et sans chauffage à part une flambée de bois) et des épidémies.
Nos déplacements, à cette poque, étaient relativement sûrs, mais on ne se déplaçait qu’à pied et en charrette, sur de courtes distances puisque notre village ou notre ville était notre lieu de vie et de travail, et qu’il n’était pas question de ‘vacances’.
Le travail, était en grande partie agricole ou artisanal. Le commerce prenait la deuxième place. Les activités ‘de bureau’, de fonctionnaire, de services venaient loin derrière. Mais il n’y avait aucune sécurité d’emploi. Une maladie, un accident, une mauvaise récolte, une décision patronale ou un acte malveillant, nous mettaient sur la paille … s’il nous en restait. Qui n’a pas lu ou relu Oliver Twist de Charles Dickens ?
Mais, plus loin dans le temps, du Moyen-Âge jusqu’au XVIIIe siècle et pendant les périodes troublées et de guerre, c’était encore bien pire. Relisez « Les Piliers de la terre » de Ken Follet. Pendant la guerre de cent ans, on se déplaçait, en France, à ses risques et périls ou en groupe armé, car les territoires traversés étaient sous la coupe de partisans de l’autre faction ou de capitaines et leur bande de soldats non payés et désœuvrés.
La justice était aux mains des puissants, des seigneurs, des riches, de l’Eglise…
Serions-nous prêts à recommencer à vivre dans ces conditions ? Sûrement pas !
Notre vie d’aujourd’hui est-elle vraiment plus sûre ?
L’insécurité aujourd’hui
Nous avons la sécurité sociale et les assurances, mais le capitalisme à outrance et les crises économiques nous laissent à la merci des fermetures d’entreprises et du chômage que les Etats limitent dans le temps. Les assurances couvrent tous les risques, à condition d’avoir les moyens de se les payer, mais évacuent facilement les clients ‘à risques’.
Le travail est indispensable pour nous assurer les revenus nécessaires à une vie décente, mais nous sommes à la merci d’un capitalisme effréné focalisé sur le profit et la croissance du portefeuille des puissants et des riches, au détriment de notre propre situation. Fermetures d’entreprises et chômage sont notre quotidien.
La santé et le confort sont bien meilleurs, la vie s’est nettement rallongée. Mais les produits chimiques, les OGM, la pollution nous fragilisent. Le cancer et le SIDA ont fait leur apparition et font des ravages, tout comme la grippe aviaire et les épidémies de virus inconnus. Sans parler des drogues et de l’alcool qui se répandent comme la peste.
Les déplacements sont plus rapides et plus sûrs, que se soit en voiture (‘notre liberté’), en transports en commun, en avion. Mais les accidents, les fous du volant, l’usage sans doute exagéré de l’alcool et des drogues, rendent ces déplacements plus dangereux à cause de la vitesse, du nombre de voitures à toute heure, ou du nombre de personnes transportées.
Les guerres et périodes de troubles sont également toujours présentes. Ce XXIe siècle a même commencé par des faits à tout le moins insécurisants et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Les déplacements le soir dans certains quartiers de nos villes n’est pas rassurant, non plus.
Notre monde ‘matériel’ d’aujourd’hui est-il vraiment plus sûr que celui d’hier ? …
Abraham Maslow, psychologue et sociologue américain du milieu du XXe siècle, mentionnait, comme les deux tout premiers besoins de base de l’être humain : 1° La survie, 2° La sécurité.
L’évolution, dans nos sociétés occidentales riches et aisées d’aujourd’hui, a fait passer ces besoins des faits concrets reliés au corps et à la (sur)vie au confort et aux acquis sociaux. C’est de perdre cette facilité apportée par le monde moderne qui est la source de nos peurs et de notre insécurité.
L’insécurité dans notre monde informationnel et virtuel
Dans le domaine de l’information, que représente cette insécurité ?
Il ne faut même pas être présent physiquement pour vous voler des informations ou utiliser votre ordinateur pour attaquer quelqu’un d’autre à votre insu.
Nous n’échangeons que des ‘1’ et des ‘0’, même sur nos téléphones. Comment être sûr de celui à qui on s’adresse ? Comment confirmer que c’est bien votre ‘Oncle d’Amérique’ qui vous adresse un e-mail ou propose à votre ado un rendez-vous sur Facebook, et pas un escroc ou un pervers ?
On peut vous ‘voler’ des informations, s’immiscer dans votre vie privée et vos secrets. « Ah, la bonne affaire ! Je n’ai rien à cacher. Je suis propre et pur. On n’a rien à me reprocher. » Ouais ! Je me connais, il y a toujours un ou deux trucs louches qu’on préfère garder pour soi.
Il n’est pas trop difficile de trouver le moyen de vider votre compte en banque ‘à l’insu de votre plein gré’, de voler votre identité et de signer votre mort sociale. J’y reviendrai.
Et si je ne retrouvais plus cette information dont j’ai besoin ?
On confie tout à nos ordinateurs. Mais un virus, un problème technique et toutes nos informations, nos souvenirs, les photos de notre union, la vidéo des premiers pas de bébé ont disparu à jamais. Ah, si nous avions encore une copie papier !
D’un autre côté, avec Internet et ses mécanismes de sécurité, vous êtes sûrs que votre message arrivera à destination dans des délais tout à fait prodigieux au destinataire que vous avez indiqué… mais sans doute aussi à d’autres (la NSA ou n’importe quel petit génie capable de pirater votre ordinateur ou le réseau.)
Mais on n’est jamais sûr que ce qui arrive à destination n’a pas été modifié en cours de route par un intermédiaire qui ne se signale pas… Avant, il fallait ouvrir votre courrier et modifier à la main en imitant votre écriture ! Et vous pouviez encore vérifier ce qui était parvenu au destinataire.
Et si on modifiait l’information, ou l’adresse à laquelle j’envoie le courrier (postal ou e-mail), que se passerait-il ? Maintenant, un ‘1’ ou un ‘0’ de plus ou de moins, du moment que la somme de chacun reste identique, et on n’y voit que du feu !
On fait tellement confiance aux ordinateurs, que l’on n’exerce plus nos capacités intellectuelles et notre mémoire ! Il vous faut un dessin ?
En plus, on est tous fichés ! Les systèmes savent très bien où on est, sur quel site on surfe, combien on dépense et à quoi. Où est notre vie privée ? Où en est notre droit fondamental à faire, dire et penser ce que l’on veut sans être écouté, enregistré, dénoncé et flické… ou sans que nos propos soient sortis de leur contexte ou ‘adaptés’ ?
Sachez une chose sur l’Internet et les ordinateurs – et c’est assez ‘flippant’ – une fois qu’une information leur est confiée, elle y reste à jamais enregistrée et accessible à ceux qui en ont les clés.
Mais êtes-vous sûrs que ce que vous y trouvez est suffisamment fiable ? Au moins autant que les livres et les encyclopédies dans les années 60 ?
Les librairies sont inondées de livres sur tous les sujets. Tout le monde écrit, sur tout et n’importe quoi. A qui se fier ? Qui est l’expert ? Que faire quand deux experts ont des avis contraires ? Et les fumistes ? Un inconnu est-il plus ou moins fiable qu’un expert reconnu ? Comment décider ? C’était bien plus facile avant…
Nous vivons, depuis bientôt 100 ans, dans un monde où les médias ont progressivement pris une place gigantesque. On est inondé d’informations. Le moindre petit indicent quelque part dans le monde arrive à nos yeux ou nos oreilles.
Comment faire le tri ? Si au moins ces ‘informations’ nous étaient utiles… Si, au moins, elles étaient de simples faits relatés tels quels (des donnée avec un peu de contexte) que nous pourrions évaluer avant de leur donner signification et valeur (j’en ai parlé ici) ?
Non, tout nous arrive prédigéré sous forme d’informations solides, péremptoires qui nous conditionnent. Les politiciens sont des maîtres dans ce petit jeu. Et cela fait le jeu des spéculateurs qui mettent notre économie en danger.
Et les pirates, les terroristes qui contrôlent le réseau et parviennent à organiser leurs forfaits sans que la police ne les détecte et les arrête ?
Nous sommes au beau milieu d’une guerre de l’information. C’est à qui parlera le plus fort, le plus souvent, avec les arguments les plus frappants…
Notre monde informationnel et virtuel n’est, hélas, pas plus sûr que notre monde matériel. Aujourd’hui est-il plus sûr qu’hier ?
Je vous laisse juger par vous-même.
Que faire?
Pour en sortir, il faut y mettre une sécurité ‘adéquate’. Ce n’est que par la voie d’une gestion des risques – moyen ‘intellectuel’ d’analyser la situation dans les trois niveaux inférieurs de la pyramide de Maslow – que nous pourrons déterminer ce que ‘adéquat’ signifie pour nous.
Mais ça, comme disait R. Kypling, c’est une autre histoire…
Alors, avez-vous également le sentiment de vivre dans un monde dangereux ? D’être, à différents niveaux, dans l’insécurité ? Ou jugez-vous mon tableau trop pessimiste ?
Vos commentaires sont attendus car ils façonneront la structure et le contenu de ce blog. Mon seul but est de vous conscientiser et de vous donner les éléments dont vous avez besoin pour améliorer ce que vous jugerez nécessaire.
A vous de jouer. Vous êtes responsables de ce qui vous arrive.
A bientôt, plus en sécurité avec vos informations…
Jean-Luc
(Crédit photo: Dreamstime)
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