Objets interconnectés, internet des objets (ou Internet of Things (IOT)) sont des mots que vous allez entendre souvent si ce n’est pas déjà le cas. Il y a quelques années encore, c’était de la science fiction. C’est aujourd’hui rentré dans notre réalité.
De quoi s’agit-il ?
De tous ces ‘gadgets’ électroniques que nous avons à la maison ou sur nous en permanence et que nous pouvons appeler ou commander à distance, ou qui envoient des informations ‘dans le nuage’ (le cloud) soit pour nous (géo)localiser soit pour stocker ou encore analyser les données.
La première catégorie contient, entre autres :
- La domotique (la gestion automatique des équipements électriques domestiques) nous permet de faire préchauffer notre four avant que nous rentrions à la maison. Cela nous fait gagner du temps.
- Le déclenchement à distance d’une caméra pour voir ce qui se passe chez nous (suite à une alarme ou parce que nous voulons surveiller nos enfants)
La seconde catégorie renferme
- Les montres et bracelets ‘de condition physique’ sont un bon exemple de d’objets interconnectés. Ils sont fun et on les trouve utiles.
- Le GPS et toutes les applications (Apps) que nous avons installées dans notre téléphone mobile ou notre tablette qui ne nous quittent plus.
Ce ne sont que quelques exemples d’objets interconnectés… en attendant la voiture automatique que nous n’aurons même plus à conduire. Ne riez pas, c’est déjà sur le marché en Allemagne mais pour le moment personne n’en veut car nous, humains, ne sommes pas prêts.
… En attendant la commande de nos appareils consommateurs d’énergie par les distributeurs … qui est dans les cartons depuis quelques années, ils vont commencer par remplacer vos compteurs (eau, gaz et électricité) par des appareils ‘intelligents’ qu’on pourra lire tout en restant à l’extérieur.
Quels sont les dangers ?
Cela dépend de votre point de vue.
Nous ne serions plus maîtres chez nous et notre liberté serait fortement diminuée. Le contrôle de notre vie privée, de nos déplacements, de notre santé (ou à tout le moins, avec ce qui existe déjà, notre état physique général) nous échapperait totalement.
Celui qui veut prendre contrôle de votre vie dispose des moyens, encore faut-il qu’il parvienne à entrer dans les ‘systèmes’ dont la protection est renforcée – voire plus. Mais jusqu’où?
Prendre le contrôle ne veut pas simplement dire lire et exploiter l’information (confidentialité).
Cela signifie également avoir la possibilité de modifier ces informations (intégrité)
- … et notre facture d’énergie ne serait pas correcte sans que nous puissions y changer quoi que se soit
- … ou notre santé exploitée voire mise en danger. Imaginez que nous ayons sur nous un dispositif contrôlant notre insuline ou notre cholestérol…
- … ou déclencher des équipements à distance qui créeraient une surcharge électrique, un incendie ou une catastrophe plus grande encore.
Enfin cela met en danger la disponibilité. On peut arrêter le fonctionnement des appareils (médicaux ou autres) ou gêner la communication entre ceux-ci et le centre de contrôle.
« Et si, au début d’une guerre, notre ennemi – ou des terroristes – disposait de moyens pour contrôler nos ordinateurs, le trafic aérien, la mobilité sur nos routes, notre distribution d’énergie ou notre réseau de télécommunication ? » La Blitz Grieg (guerre éclair) que l’Europe a connue il y a bientôt 75 ans sera bien longue comparée à celle-ci, perdue en quelques minutes à peine.
Bref, le monde dans lequel nous sommes déjà entrés est rempli d’incertitudes. Donc de risques. A nous de l’accepter ou de l’orienter consciemment dans un sens qui nous convienne et qui ne soit pas dicté par nos gouvernements ou les industries – quelque soit le buts qu’ils recherchent. Gérons les risques, notre liberté est à ce prix.
Je vous ai fait peur et vous trouvez que j’exagère? Vous avez des questions ? Vous entez-vous équipés pour identifier vos risques à ce sujet ? Faites-le moi savoir, je recevrai vos commentaires et questions avec plaisir.
A bientôt, plus en sécurité avec vos informations
Jean-Luc
crédit photo: © Fainastock02 | Dreamstime.com – Internet Of Overything Concept Photo
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Bonjour Jean-luc,
je pense qu’il ne faut pas avoir peur des objets interconnectés, mais il faut que la législateur n’est pas peur d’accompagner dans le droit l’émergence de nouvelles pratiques.
Par exemple, la loi actuelle sur les données personnelles donne le droit d’accès à ses données pour en prendre connaissance et en obtenir une copie. Mais en pratique, récupérer ses données personnelles n’est pas évident.
Demain, la loi devra évoluer pour étendre ce simple droit d’accès à un droit à la portabilité des ses données personnelles. Elle devra accompagner le droit d’extraire ses données personnelles d’un site, pour les transférer sur une autre, tout en bénéficiant de standards ouverts, sécurisés et interopérables.
La loi devra encore évoluer pour que les utilisateurs aient le droit de partager collectivement leurs données personnelles, pour un mode sécurisé où « les données personnelles seraient conçues comme un commun à construire » (cf. Projet « Data coops »).
Bonjour Dominique.
Le but est atteint: faire réagir. Chacun a sa vision des choses et donc son appréciation des risques. je penche également de ton côté. Nous devons (nous ‘les plus âgés’) nous faire à ce monde interconnecté. Après tout, le concept de vie privée est bien neuf dans notre histoire: 40 ans maximum? Avant ce n’était même pas une question.
Mais ce sont les électeurs qui doivent pousser nos élus à légiférer… et tant qu’ils ne seront pas assez conscients des choses, le politiques seront maîtres d’y mettre n’importe quoi ou de ne rien faire.
bien à toi
Jean-Luc
Merci Jean-Luc pour ta réponse.
C’est un fait les objets interconnectés arrivent, on est au-delà de l’évènement. Le mouvement est définitivement lancé. Mais, c’est un phénomène émergeant qui apporte de nouvelles propriétés répondant à de nouveaux besoins de mobilité et d’échange.
Concernant la sécurité, il est clair que ce phénomène émergeant manque cruellement de maturité. Il faut en être conscient et je trouve que ton article plein de bon sens, car il faut alerter, aussi bien l’utilisateur que l’entreprise, à l’appréciation et au traitement des risques de sécurité.
De mon côté, je voulais compléter le débat sur la sécurté des données personnelles en soulevant les aspects liés au droit à la propriété privée. Ce droit doit s’adapter et évoluer. En effet, les grands fournisseurs de services Internet, comme par exemple, Google dans le domaine de la santé, Orange dans celui de la domotique, veulent s’imposer dans le monde des objets interconnectés.
Au-delà du risque de sécurité, l’utilisateur peut redouter la perte de son droit de propriété privée. Je vise particulièrement le droit d’accès et le droit à la réversibilité de ses données personnelles. Mais, dans un monde où Google, Orange et d’autres vont collecter des données personnelles, il s’agit également de promouvoir le droit de pouvoir les utiliser pour pouvoir les partager avec d’autres dans le cadre « d’un usage en commun des données personnelles ».
Très cordialement.